samedi 21 mars 2020

Pas même le bruit d'un fleuve de Hélène Dorion



Chaque livre écrit par Hélène Dorion est un événement en soi. Elle sème des instants de grâce et poursuit son questionnement sur la vie.

Dans Pas même le bruit d’un fleuve, roman publié en 2020 chez Alto, le personnage d’Hanna met la main après le décès de sa mère Simone sur des carnets, des photographies, des articles de journaux concernant le naufrage de l’Empress of Ireland, navire ayant coulé en 1914 au large de Rimouski.

Qui était vraiment Simone, cette mère distante, rêveuse et mélancolique qui notait des impressions, des pensées, des poèmes, pendant que son mari Adrien marchait avec Hanna sur la grève, en bordure du fleuve ? Connaît-on vraiment ses parents ? Ont-ils aimé avant de se marier ? Sommes-nous les enfants de qui nous pensons être issus ? Simone a-t-elle eu un destin similaire à celui de sa propre mère ? Hanna poursuit sa quête familiale et personnelle en compagnie de Juliette, une artiste-peintre, de Montréal à Pointe-au-Père.

Hélène Dorion se promène entre le passé de Simone de 1947-1952 au présent d'Hanna en 2018, de Québec à Kamouraska, etc. Les titres des chapitres sont des citations de poètes. Étant originaire du Bas-Saint-Laurent, ce sont les lieux de mes propres parents, de mes tantes, que je redécouvre.

Sans le savoir, Hélène Dorion possède une écriture qui appelle les mots, ceux des autres. Elle a cette magie dans sa prose poétique. Quand je referme un livre écrit avec autant de finesse et de cœur, j’ai juste le goût de noircir à mon tour un nouveau carnet.

Extraits :

« Ma mère n’a pas voulu parcourir le trajet de sa vie à rebours, les glaces auraient pu céder, le brouillard se lever et elle aurait perdu de vue l’horizon et la mort avec lui. Aujourd’hui, je sais que c’était d’abord pour moi que je souhaitais accomplir ce voyage. Pour passer quelques jours seule avec elle, pour le rejoindre dans son silence et qu’elle rejoigne dans le mien. »

« Simone est revenue du fleuve en grelottant, exténuée par sa longue baignade. Chaque jour, elle va ainsi à la nage, aussi loin qu’elle peut, indifférente à l’épuisement qui la gagne alors qu’elle fait face au reflux des vagues. Après avoir mis des vêtements chauds, elle redescend au salon rejoindre sa mère. Sans un mot, elle s’assoit près d’elle sur le canapé. Deux vies côte à côte… »

© Photo, texte du billet, sans les extraits de H. Dorion,
    Denis Morin, 2020

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