Chaque
livre écrit par Hélène Dorion est un événement en soi. Elle sème des
instants de grâce et poursuit son questionnement sur la vie.
Dans Pas
même le bruit d’un fleuve, roman publié en 2020 chez Alto, le
personnage d’Hanna met la main après le décès de sa mère Simone sur des
carnets, des photographies, des articles de journaux concernant le naufrage de
l’Empress of Ireland, navire ayant coulé en 1914 au large de Rimouski.
Qui
était vraiment Simone, cette mère distante, rêveuse et mélancolique qui notait
des impressions, des pensées, des poèmes, pendant que son mari Adrien marchait avec Hanna sur la grève, en bordure du fleuve ? Connaît-on vraiment ses
parents ? Ont-ils aimé avant de se marier ? Sommes-nous les enfants
de qui nous pensons être issus ? Simone a-t-elle eu un destin similaire à
celui de sa propre mère ? Hanna poursuit sa quête familiale et personnelle
en compagnie de Juliette, une artiste-peintre, de Montréal à Pointe-au-Père.
Hélène
Dorion se promène entre le passé de Simone de 1947-1952 au présent d'Hanna en 2018, de Québec à Kamouraska, etc. Les titres des chapitres sont des citations
de poètes. Étant originaire du Bas-Saint-Laurent, ce sont les lieux de mes propres
parents, de mes tantes, que je redécouvre.
Sans le
savoir, Hélène Dorion possède une écriture qui appelle les mots, ceux des
autres. Elle a cette magie dans sa prose poétique. Quand je referme un livre
écrit avec autant de finesse et de cœur, j’ai juste le goût de noircir à mon tour un
nouveau carnet.
Extraits :
« Ma mère n’a pas voulu parcourir le trajet de sa
vie à rebours, les glaces auraient pu céder, le brouillard se lever et elle
aurait perdu de vue l’horizon et la mort avec lui. Aujourd’hui, je sais que c’était
d’abord pour moi que je souhaitais accomplir ce voyage. Pour passer quelques
jours seule avec elle, pour le rejoindre dans son silence et qu’elle rejoigne
dans le mien. »
« Simone est revenue du fleuve en grelottant, exténuée
par sa longue baignade. Chaque jour, elle va ainsi à la nage, aussi loin qu’elle
peut, indifférente à l’épuisement qui la gagne alors qu’elle fait face au reflux
des vagues. Après avoir mis des vêtements chauds, elle redescend au salon
rejoindre sa mère. Sans un mot, elle s’assoit près d’elle sur le canapé. Deux
vies côte à côte… »
© Photo, texte du billet, sans les extraits de H.
Dorion,
Denis Morin, 2020
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