mercredi 4 mars 2020

Mayacumbra de Alain Cadéo



Je ne connaissais pas Alain Cadéo. C’est le romancier Tom Noti qui m’en parla le premier, puis Martine, l’épouse du premier s’est mise à me suivre sur Twitter. Le tout résulte maintenant en une agréable rencontre littéraire avec Alain Cadéo, écrivain au cœur de poète depuis une quarantaine d’années.

Dans Mayacumbra, roman publié en 2019, aux Éditions La Trace, Alain Cadéo nous décrit un bled perdu sis dans une quelconque cuvette humide au pied d’un volcan qui gronde de temps à autre. Des marginaux et un policier, féru de chasse à l’ibis, y vivent. Un jour, Théo alias Loco s’installe presqu’au sommet pour avoir la paix. Ce poète solitaire n’a que pour seul compagnon son âne Ferdinand. Parfois, Lita, sa flamme indigène, et Solstice, un contrebandier noir, viennent le visiter par amour et amitié. Puis, les animaux se comportent étrangement et un muet soigné par les marginaux du coin joue au tueur. Qu’est-ce qui chamboule tout à coup tant le rythme quotidien des bêtes et des hommes ?

Par le personnage de Théo, on se pose les questions suivantes : Peut-on se retirer du monde ? L’harmonie peut-elle se dénicher dans le danger potentiel que représente un volcan ? Devient-on tôt ou tard le paysage dans lequel notre regard puise sa contemplation ?

Ce long roman avec ses descriptions si belles est la lente introspection d’un être à la recherche d’un enracinement, malgré la précarité de la vie, de sa vie.

À certains moments, je me suis que je lisais ce livre avec le même ravissement qu’en lisant L’homme qui plantait des arbres de Jean Giono. Instants de grâce assurés.

Extrait au sujet des solitaires :

« Tout devient signe. On parle haut et fort sans s’en rendre compte, on marmonne comme un gosse qui se raconte des histoires, on commente ce qu’on ressent, on traduit comme on peut le langage des sources, des pierres et des oiseaux, celui des fleurs et des nuages. On compte sur ses doigts le temps d’une rafale de vent, on multiplie par trois le temps entre l’éclair et le tonnerre… »

© Photo, texte du billet, sauf l’extrait d’Alain Cadéo,
    Denis Morin, 2020

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