Je ne
connaissais pas Alain Cadéo. C’est le romancier Tom Noti qui m’en parla le premier,
puis Martine, l’épouse du premier s’est mise à me suivre sur Twitter. Le tout résulte
maintenant en une agréable rencontre littéraire avec Alain Cadéo, écrivain au cœur
de poète depuis une quarantaine d’années.
Dans Mayacumbra,
roman publié en 2019, aux Éditions La Trace, Alain Cadéo nous décrit un bled perdu
sis dans une quelconque cuvette humide au pied d’un volcan qui gronde de temps
à autre. Des marginaux et un policier, féru de chasse à l’ibis, y vivent. Un
jour, Théo alias Loco s’installe presqu’au sommet pour avoir la paix. Ce poète
solitaire n’a que pour seul compagnon son âne Ferdinand. Parfois, Lita, sa flamme
indigène, et Solstice, un contrebandier noir, viennent le visiter par amour et
amitié. Puis, les animaux se comportent étrangement et un muet soigné par les
marginaux du coin joue au tueur. Qu’est-ce qui chamboule tout à coup tant le
rythme quotidien des bêtes et des hommes ?
Par le
personnage de Théo, on se pose les questions suivantes : Peut-on se retirer
du monde ? L’harmonie peut-elle se dénicher dans le danger potentiel que représente
un volcan ? Devient-on tôt ou tard le paysage dans lequel notre regard puise sa
contemplation ?
Ce long
roman avec ses descriptions si belles est la lente introspection d’un être à la
recherche d’un enracinement, malgré la précarité de la vie, de sa vie.
À
certains moments, je me suis que je lisais ce livre avec le même ravissement qu’en
lisant L’homme qui plantait des arbres de Jean Giono. Instants de
grâce assurés.
Extrait
au sujet des solitaires :
« Tout devient signe. On
parle haut et fort sans s’en rendre compte, on marmonne comme un gosse qui se
raconte des histoires, on commente ce qu’on ressent, on traduit comme on peut
le langage des sources, des pierres et des oiseaux, celui des fleurs et des
nuages. On compte sur ses doigts le temps d’une rafale de vent, on multiplie
par trois le temps entre l’éclair et le tonnerre… »
© Photo, texte du billet, sauf l’extrait d’Alain
Cadéo,
Denis Morin, 2020
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