Je viens
de refermer la couverture de Dolce vita de Juan Joseph Ollu paru
en 2016 chez Annika Parance Éditeur. Je m’attendais à retrouver une ambiance
tango du style Je te veux, tu me jettes et me rejettes, mais je te veux encore…
Je fus bien servi, au point d’en verser
des larmes.
Commençons
par le début. Maximilien, jeune lycéen parisien, de descendance italienne par
sa mère, beau, musclé, fait du skate, boit, fait la fête, bascule les filles,
se fait séduire par des femmes matures. Il aime et prend plaisir à mordre dans
la vie. Toutes ses certitudes sont ébranlées par l’arrivée d’Adrien, un enseignant
séduisant et mystérieux qui enseigne l’espagnol et le cinéma. Ce dernier a une
prédilection pour le cinéma italien. En fin d’année académique, Maximilien se
prend d’affection et de désir pour Adrien qui goûte pour un verre et pour le
lit la présence de son étudiant.
À l’été,
Adrien compte faire un stage en Suisse pour le silence et pour guérir d’une
histoire d’amour avec Alejo que Maximilien trouvera sur sa route à Paris.
Puis en
prévision de septembre, Adrien s’installe à Rome pour sa maîtrise, tout comme
Maximilien s’établit aussi dans la Ville éternelle pour continuer ses études. S’ensuit
un lent tango entre Maximilien qui veut s’attacher et Adrien tourmenté, toujours
amoureux d’Alejo.
Ce roman
mené fort habilement dépeint les tourments amoureux, la bisexualité et l’homosexualité
au masculin, l’attachement aux autres et la peur de la perte des êtres aimés
(famille, amoureux, amis), l’intensité de vivre.
Chaque
lecteur/lectrice prendra le parti de Maximilien, d’Adrien ou d’Alejo. Tout n’est
ni noir, ni blanc. La même histoire aurait pu être déclinée sur un mode hétérosexuel
que c’eût été tout aussi passionnant. Ce roman ressemble à Rome dont les
bâtiments ternes au petit matin prennent de teintes ocre, orange, rose sous
la lumière méditerranéenne du midi. Ecco un’ottima storia di amore da leggere !
Extraits :
« Je devais découvrir par la suite que c’était chez
lui une habitude. Toujours avoir un livre avec lui, ou plusieurs. Pour la
littérature et les mots, bien sûr, mais aussi comme portes de sortie ou possibilités
de parenthèses, d’évasion et de fuite. Et le cinéma, influençant ses actions et
sa déraison. »
« Quel ennui aussi que de croire, pour certains, la
souffrance, l’attente, le désir et la tourmente des sentiments ne
représentaient rien d’autre qu’un cliché à fuir. Je pensai retourner au lit,
mais je me secouai. Non, je n’allais pas rester là, je n’allais pas rester hors
du mouvement. Je m’habillai et je sortis dans la nuit qui commençait. »
« Il arriva presqu’à l’heure. Je le repérai tout de
suite ; il marchait d’un pas dégagé et je le trouvai encore plus beau que
dans mon souvenir. J’avais de quoi comparer, maintenant. Plus fragile, aussi,
eus-je l’impression, mais peut-être était-ce l’émotion et cette espèce de
délire qui finissaient par me tourner la tête. »
© Photo, billet, sauf les
extraits de J. J. Ollu,
Denis
Morin, 2020
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