samedi 3 août 2019

Chauffer le dehors de Marie-Andrée Gill




En littérature québécoise et dans les arts, la question autochtone a trop longtemps été occultée, balayée sous le tapis tressé au salon, car trop enclins étions-nous à ne vénérer que les lettres françaises.

Félix Leclerc et Gilles Vigneault y ont fait allusion. Je me souviens d’avoir lu il y a une trentaine d’années Agaguk et Ashini de l’écrivain Yves Thériault (1915-1983, métis de descendance montagnaise). Plus près de nous, l’écrivain et comédien Robert Lalonde (métis de descendance iroquoise) présente des personnages blancs, métis, amérindiens dans son corpus littéraire.

Ces dernières années, au Québec de talentueuses poètes de la nation montagnaise prennent fièrement leur place : Joséphine Bacon (aussi traductrice et enseignante de l’innu), Natasha Kanape Fontaine (universitaire et comédienne), Marie-Andrée Gill.

Cette dernière a publié en 2019 chez La Peuplade le recueil de poésie Chauffer le dehors. L’écriture est vive, allumée, scintillante comme des fragments de mica sur le bord d’une rivière en juillet. Ce recueil se divise en quatre segments : Comme si de rien n’était, Le solfège des tempêtes, L’émeute est par en dedans, Le futur hausse les épaules. Une jeune femme évolue dans son quotidien avec son questionnement sur la vie et l’amour, entre éléments de modernité et de vie ancestrale, avec ses coups de blues et sa contemplation du territoire. Magnifique !

Extraits :

« L’amour c’est une forêt vierge
pis une coupe à blanc
dans la même phrase. »

« Je pleume les oies pour souper, comme je voudrais le faire pour toi mais à l’envers : te greffer des ailes qui marchent et des cris plein la gorge, que tu puisses voir les fleurs sauvages de mon cœur cru, la médecine millénaire qui nous enveloppe. »

« Si vous me cherchez, je suis chez nous,
ou quelque part sur Nitassinan (notre territoire),
toutes mes portes et mes fenêtres sont ouvertes
je chauffe le dehors. »

« Je laisse le territoire m’éparpiller comme les oiseaux migrateurs savent pas se perdre. »

© Photo, billet,
    sauf les extraits de la poète,
    Denis Morin, 2019



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