Il était une fois une gamine (et plus tard s’ajouta une petite sœur) et
deux parents nomades ayant les mots et les livres en vénération.
Il y avait aussi cette jeune femme qui voulut voler de ses propres ailes hors
du foyer familial, hors des repaires de la France et qui trouva refuge à Budapest.
Elle travailla dans les bars, fréquenta le centre culturel français (car la France
finit toujours par vous rattraper tôt ou tard), elle lut des romans et elle écrivit de
longues heures ses propres romans.
Elle voulut écrire, c’est-à-dire verser l’onde des phrases. Ce fut d’abord sur une machine à écrire
offerte enfant par les parents. Un jeu.
Un jeu de patience avec les lettres et les mots. Au fil des années, lire était (s’)inspirer
et écrire le fait d’expirer le souffle, de livrer la vie, de donner sens à sa
vie.
Ainsi, Julia Kerninon dans Une activité respectable, récit autobiographique
paru en 2017 aux Éditions la brune au rouergue, trace dans ce récit le parcours
d’une écrivaine en herbe.
C’est tout simplement magnifique ! J’en suis bouche bée.
Extrait :
« J’écris à cause du vieil homme triste
qui, dans un dancing à Birmingham, a sorti pour me le montrer un morceau de
papier de sa poche, un morceau de papier très ancien, abîmé, qu’il a déplié
délicatement avec ses mains moites, et c’était une lettre que le poète irlandais
Seamus Heaney lui avait écrite quand il avait dix-neuf ans pour lui dire qu’il
avait du talent. Il n’arrivait même plus à pleurer, il l’avait trop fait. Il
semblait avoir épuisé ses réserves de larmes. J’écris à cause de la petite
Lilly dans l’Hôtel New Hampshire de John Irving, quand elle dit :
« Je ne suis pas la femme de chambre, je suis un écrivain. »
© Photo, texte du billet,
sauf la citation de l’écrivaine
et de John Irving, 2019
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