La littérature est une rose des vents qui nous pousse, nous dirige dans
toutes les directions si on reste ouvert aux voyages de l’imaginaire. Ainsi,
une de mes abonnés sur Twitter que je suis également, Josette Hersent, une
poète normande enclenche un jour une conversation.
Nous nous sommes demandés si nous avions des points en commun, à part une
certaine réserve sur les réseaux sociaux. Bref, nous n’étalons pas nos vies
respectives du matin au soir. Elle s’intéresse à la question du deuil, moi
aussi. Lors d’une brève recherche, je vois poindre le prénom Blaise. Je lui
confie que je suis né en la fête de Saint Blaise de Césarée. Nous avons donc en commun : Blaise, elle le sien, moi le saint.
Puis j’ai plongé dans ce recueil Blaise ou la Symphonie inachevée
paru en 2009 aux Éditions du Chameau, à Dozulé, en France. Elle nous décrit son Blaise, fils sympathique
et cordial avec tous et chacun, musicien talentueux, citoyen impliqué en
politique, cet homme élégant, doux, beau. Blaise, ce garçon altruiste se
préoccupait de la cérémonie des adieux, du moment où on laisse sa mère, sa sœur
si complice, sa nièce avec qui il ne jouerait plus au piano à quatre mains.
Sa mère, ayant porté ce fils si aimable, nous le rend en partageant par touches
délicates des moments de vie. Par sa plume, Blaise, du moins, son souvenir,
respire, évolue, de l’autre côté du
miroir, comme le chantait Barbara.
Si ce recueil est un cri de douleur après la perte du fils chéri, il est
surtout un très lumineux hommage à un être superbe, trop tôt disparu.
« Je voudrais t’offrir ma place de cinéma
Dur de faire
sans toi des choses aussi banales
Ce sont
ces instants de vie qui font le plus mal
Je
regardais ce siège… tu n’y étais pas. »
« C’est une photo que ma
main, dans un geste…
Spontané, s’est trouvée
attirer à frôler
Et du reflet de ton image
qui me reste
Mes doigts ne peuvent
aisément se détacher. »
« Ce garçon, ce bébé, tu ne l’as pas pleuré
Chaque
étape de vie le faisait évoluer
Quand tu
ne le « voyais » plus, pourtant il était…
Et mon
âme, aujourd’hui, elle, ne t’a pas quitté. »
© Photo, texte, sauf les extraits de la poète,
Denis Morin, 2019
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