samedi 9 février 2019

Mèche de Sébastien B Gagnon








Un article du journal Le Devoir me faisait découvrir Sébastien B. Gagnon, bête de scène utilisant la musique et les mots, cofondateur des éditions Le Cosmographe, d’abord et avant tout un très bon poète. Avec Mèche, recueil publié en 2016 aux éditions L’Oie de Cravan, il remportait le Prix des libraires en poésie 2017.  Ce recueil comprend aussi un texte en prose intitulé L’ombre.

La mèche, c’est pour l’amour, le feu, elle et lui. Le poète écrit ses textes au je, sans majuscule, sans ponctuation. Dénuement, nudité, étalement de la pensée et de l’émotion. Il dit son besoin d’espace pour vivre pour lui et pour les enfants de demain. Il veut partir et revenir tel le ressac de la mer. On le sent à la fois exhibitionniste et très pudique dans sa façon de se livrer. Ses mots débordent de tendresse. Il devient ivre par la beauté d’un corps. Ses textes tournent autour de l’attachement et du détachement.  J’aime beaucoup.

Jugez par vous-même :

« il y aura des sirènes du vent des meubles qui rattraperont les cadavres au vol il y aura des films de propagandes projetés sur les accalmies
tu perdras beaucoup d’amis à force de me perdre et de chercher ce que tu avais imaginé.
mais je les ferai te rencontrer parce que tu les aimes »

« j’offre une cour d’arbres qui rendent impossibles les constructions flagrantes
parce que les lois que j’y impose n’en sont pas
elles honorent les adages des hommes et femmes
qui appartiennent à la terre et non l’inverse
j’ai même des abricots
et des vieux livres de poèmes
que les anciens libraires comme les plus niais
jugent sans prix »

« tu m’écriras une longue lettre où tu décriras des gestes et des banalités pour me dire maintenant nous sommes ensemble pourquoi ai-je douté et je ferai volte-face pour la première fois »
tu tiendras la mèche et moi l’allumette mon amour
oui je dirai mon amour dans ces temps-là infinis
l’instant où nous fermerons les yeux pour vivre
l’instant où nous les ouvrirons
une autre fois les barbares… »


© Photo, texte, sauf les extraits,
     Denis Morin, 2019

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