samedi 23 juin 2018

L'école des vertiges de Tristan Malavoy



Nous sommes à l’époque du multitâches, communément désigné par le terme anglais de multitasking. Certains artistes s’inscrivent bien dans cette mouvance et peuvent se promener aisément au coeur de  différentes pratiques artistiques. Par exemple, Tristan Malavoy vogue intelligemment entre chanson et poésie, sans oublier le roman. Il s'implique aussi dans le monde de l’édition.

En 2018, Audiogram et L’Hexagone ont eu la bonne idée de faire paraître le recueil-album L’école des vertiges. Le mélancolique troubadour-voyageur se promène entre les chalets en régions et le Sénégal, la France jusqu'aux vastes étendues planes de Russie sur le Transsibérien.  Cette rencontre de l’autre nous permet une découverte de soi-même par le biais des êtres surgissant tout au long de l'itinéraire ou une fois parvenu à destination. Par conséquent, le voyage devient une mise à distance du quotidien, une exposition à la fragilité, une plongée en soi, en sa vie, en ses amours.

Les textes de ce livre sont les genèses des chansons présentent sur le CD insérés en fin de livre. Les titres sont évocateurs :  Baïkal-Amour / La machine à aimer / Abécédaire / L’école des vertiges / Les écrivains / Qu’est-ce qu’elle avait de plus cette tempête ? / Ma petite fenêtre / Les Icares / Le volume de notre amour / Elle cueillait des cosmos / Le ciel de la Nouvelle-Orléans.

Derrière le spoken word de Tristan Malavoy, j’entends un spleen délicieux à la Françoise Hardy.  Je sais qu’il est toujours hasardeux de comparer deux individus, mais mon ressenti est ainsi.

Voici deux passages qui vous révéleront un éclat d’émotion.  Tout d’abord, l’explication, puis un extrait de la chanson conçue au cimetière du Montparnasse, face au tombeau de Gainsbourg où des mégots et des bouteilles veillent le disparu, le tout agrémenté de fleurs :

« Des dizaines de cosmos poussant fous tout autour de la stèle.  C’est là que la chanson me vient, d’un trait.  Les mots, la mélodie.  Je sais ce que je dois à l’instant, à la lumière, au décalage horaire.  Je n’ai fait qu’attraper un papillon qui passait. »

« Elle cueillait des cosmos
En écoutant Kosma
Pendant que moi
Je tombais au combat
Au combat de l’amour
Qu’elle ne me donnait pas
Elle cueillait des cosmos
Et ne me cueillait pas. »

Somme toute, le voyage sied très bien à Tristan Malavoy.  Ses destinations et ses mots m’ont plu.  À suivre…

© texte et photo, Denis Morin, 2018

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