Cette écrivaine a écrit plus de 30 livres dans une
quinzaine de pays. Elle se promène dans le récit, le roman et la prose
poétique. Elle pratique et enseigne le yoga.
Nous avons droit à une lecture intimiste sur le ton de
la confidence. C’est du baume appliqué
sur nos plaies.
Commençons avec Recommencements, un récit publié en
2014 chez la maison d’édition québécoise Druide.
Il s’agit d’un livre sur le deuil de la mère
bien-aimée, sur l’enfance laissée pour grandir, sur les amours mortes que l’on
voulait éternelles et dont on chercher à guérir, sur le confort dont on cherche
à se prémunir, contre le temps qui passe…
Le départ de sa mère lui permet une rétrospection sur
sa propre vie. L’épanouissement
découlera de ce processus introspectif.
Ce récit rejoint la littérature, la philosophie et la
spiritualité.
Citations :
« J’ai tout demandé à l’écriture et d’abord qu’elle me
guide vers le centre de la vie. Ainsi,
devait-elle conjurer le silence, pointer vers le ciel, me sauver, c’est-à-dire
me révéler ce quelque chose de très haut et d’infiniment secret qui ne nous
quitte pas lorsque notre vie se fracture.
Mais il me semblait que l’expérience de la perte – et du deuil – que je
transposais dans l’écriture témoignait davantage de ce manque qu’elle ne
parvenait à le combler. »
« Le plus souvent nous articulons notre existence
autour de l’opposition, mais nous occultons la figure emblématique du
triangle. Ce processus ternaire, à la
fois sacré et initiatique, tient fondamentalement à naître, à mourir et à
renaître… Le fruit serait donc le dépassement de la fleur qui était dans le
bourgeon. »
« On préfère tout changer autour de soi plutôt que de
renouveler un seul aspect de notre être ! »
« Il est si difficile de faire face à ce qui, en soit,
doit se transformer, que l’on préfère changer ceci ou cela chaque fois que
revient le mal-être, et l’on s’invente des maisons pour ne pas avoir à
construire celle que l’on pourrait devenir pour soi-même. »
« Libérés de l’étreinte du regret et du ressentiment,
les souvenirs enfin rejoignent le cœur, trouvent là l’apaisement, le pardon,
cette fenêtre de printemps. »
En 2016, l’auteure est de retour avec Le
temps du paysage, où elle assume magnifiquement le texte et les photos.
Ce livre peut se lire seul ou en complémentarité de Recommencements.
L’auteure était en résidence d’artistes à l’automne
2014 à Umbertide, dans la région de l’Ombrie, en Italie, elle passait ses jours
à écrire et partageait ses repas avec des écrivains, des compositeurs et des
artistes. Lors de son séjour, elle apprit que son père se mourait. Le ciel
lumineux de l’Ombrie s’est voilé subitement…
Puis s'ensuivent les souvenirs de l’enfance qui remontent en surface.
L’enfant, étant témoin de scènes de la vie conjugale entre deux parents en
discorde.
C'est un aussi un parcours de retrouvailles et de réconciliation avec le
père que l’on aurait aimé avoir.
Nous découvrons des réflexions sur la vie d’un être bien-aimé, sur sa
propre vie et sur l’amour.
Citations :
« La beauté que nous ressentons devant un paysage
témoigne de l’amour que nous éprouvons pour notre monde. Elle suscite l’émotion d’être unis à ce qui
est, aiguise aussi la conscience que nous avons de l’éphémère, et donc de la
mort. »
« Il n’y aura pas de dernière nuit, pas de dernier
matin dans les jardins de l’écriture.
Alors que je regarde la lumière souffler sur la brume, mon père résiste
à la vague ultime. Essoufflé, il
m’attend sur la rive, l’âme déjà lointaine, le corps exténué. Mon âme résonne, si petit dans sa voix. Je me couche sur le sol humide de nos souvenirs.
»
« J’ai quinze ans.
C’est la lutte. Une lutte qui
s’appellerait amour, qui me dicte la manière d’exister dans son regard
embrumé. Mais tout est trop peu,
l’horizon s’éloigne à chacun de mes pas. J’ai trente ans. J’ai quarante ans. Je ne suis pas celle que mon père
attendait. Nous sommes comme des
voyageurs, deux aventuriers en quête d’une route pour nous rejoindre. »
« Une vie humaine s’édifie à partir de son premier
cri, de gestes simples puis d’événements, de joies, de manques et de larmes, de
silences et de désordres, jusqu’aux visages aimés puis effacés par le temps, - un jour on a une histoire, une somme d’instants qui s’étiolent et s’en vont, on
ne sait où.»
« Aucun être n’a aimé en vain, n’a été jeté dans sa
fragilité, n’a souffert et fait souffrir sans qu’il puisse remonter jusqu’à
l’intime racine de son âme, s’agenouiller devant ses propres ailes pour enfin
s’engager tout entier dans l’amour, - cet amour qui, comme la solitude, ne peut
mourir. »
Étant moi-même en processus de deuil, j'avoue que ces deux livres m'ont fait un bien fou. Je compte dorénavant suivre cette écrivaine. Je vous encourage à faire de même. Bonne découverte !
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