lundi 6 novembre 2017

Recommencements et Le temps du paysage de Hélène Dorion


Cette écrivaine a écrit plus de 30 livres dans une quinzaine de pays. Elle se promène dans le récit, le roman et la prose poétique.  Elle pratique et enseigne le yoga.

Nous avons droit à une lecture intimiste sur le ton de la confidence.  C’est du baume appliqué sur nos plaies.



Commençons avec Recommencements, un récit publié en 2014 chez la maison d’édition québécoise Druide.

Il s’agit d’un livre sur le deuil de la mère bien-aimée, sur l’enfance laissée pour grandir, sur les amours mortes que l’on voulait éternelles et dont on chercher à guérir, sur le confort dont on cherche à se prémunir, contre le temps qui passe…

Le départ de sa mère lui permet une rétrospection sur sa propre vie.  L’épanouissement découlera de ce processus introspectif.

Ce récit rejoint la littérature, la philosophie et la spiritualité.

Citations :
« J’ai tout demandé à l’écriture et d’abord qu’elle me guide vers le centre de la vie.  Ainsi, devait-elle conjurer le silence, pointer vers le ciel, me sauver, c’est-à-dire me révéler ce quelque chose de très haut et d’infiniment secret qui ne nous quitte pas lorsque notre vie se fracture.  Mais il me semblait que l’expérience de la perte – et du deuil – que je transposais dans l’écriture témoignait davantage de ce manque qu’elle ne parvenait à le combler. »

« Le plus souvent nous articulons notre existence autour de l’opposition, mais nous occultons la figure emblématique du triangle.  Ce processus ternaire, à la fois sacré et initiatique, tient fondamentalement à naître, à mourir et à renaître… Le fruit serait donc le dépassement de la fleur qui était dans le bourgeon. »

« On préfère tout changer autour de soi plutôt que de renouveler un seul aspect de notre être ! »

« Il est si difficile de faire face à ce qui, en soit, doit se transformer, que l’on préfère changer ceci ou cela chaque fois que revient le mal-être, et l’on s’invente des maisons pour ne pas avoir à construire celle que l’on pourrait devenir pour soi-même. »

« Libérés de l’étreinte du regret et du ressentiment, les souvenirs enfin rejoignent le cœur, trouvent là l’apaisement, le pardon, cette fenêtre de printemps. »





En 2016, l’auteure est de retour avec Le temps du paysage, où elle assume magnifiquement le texte et les photos.

Ce livre peut se lire seul ou en complémentarité de Recommencements.

L’auteure était en résidence d’artistes à l’automne 2014 à Umbertide, dans la région de l’Ombrie, en Italie, elle passait ses jours à écrire et partageait ses repas avec des écrivains, des compositeurs et des artistes. Lors de son séjour, elle apprit que son père se mourait. Le ciel lumineux de l’Ombrie s’est voilé subitement…

Puis s'ensuivent les souvenirs de l’enfance qui remontent en surface. L’enfant, étant témoin de scènes de la vie conjugale entre deux parents en discorde.

C'est un aussi un parcours de retrouvailles et de réconciliation avec le père que l’on aurait aimé avoir.

Nous découvrons des réflexions sur la vie d’un être bien-aimé, sur sa propre vie et sur l’amour.

Citations :
« La beauté que nous ressentons devant un paysage témoigne de l’amour que nous éprouvons pour notre monde.  Elle suscite l’émotion d’être unis à ce qui est, aiguise aussi la conscience que nous avons de l’éphémère, et donc de la mort. »

« Il n’y aura pas de dernière nuit, pas de dernier matin dans les jardins de l’écriture.  Alors que je regarde la lumière souffler sur la brume, mon père résiste à la vague ultime.  Essoufflé, il m’attend sur la rive, l’âme déjà lointaine, le corps exténué.  Mon âme résonne, si petit dans sa voix.  Je me couche sur le sol humide de nos souvenirs. »

« J’ai quinze ans.  C’est la lutte.  Une lutte qui s’appellerait amour, qui me dicte la manière d’exister dans son regard embrumé.  Mais tout est trop peu, l’horizon s’éloigne à chacun de mes pas. J’ai trente ans.  J’ai quarante ans.  Je ne suis pas celle que mon père attendait.  Nous sommes comme des voyageurs, deux aventuriers en quête d’une route pour nous rejoindre. »

« Une vie humaine s’édifie à partir de son premier cri, de gestes simples puis d’événements, de joies, de manques et de larmes, de silences et de désordres, jusqu’aux visages aimés puis effacés par le temps, - un jour on a une histoire, une somme d’instants qui s’étiolent et s’en vont, on ne sait où.»


« Aucun être n’a aimé en vain, n’a été jeté dans sa fragilité, n’a souffert et fait souffrir sans qu’il puisse remonter jusqu’à l’intime racine de son âme, s’agenouiller devant ses propres ailes pour enfin s’engager tout entier dans l’amour, - cet amour qui, comme la solitude, ne peut mourir. »

Étant moi-même en processus de deuil, j'avoue que ces deux livres m'ont fait un bien fou.  Je compte dorénavant suivre cette écrivaine.  Je vous encourage à faire de même.  Bonne découverte !

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