samedi 30 août 2025

La clepsydre d'Evena

 

La vie nous apporte des lectures qui nous étonnent avec leur touche de transparence. C’est le cas de La clepsydre d’Evena paru chez Les 3 Colonnes.

Tout d’abord, que de poésie dans ce pseudonyme et ce titre. L’autrice compare sa vie, puisqu’il s’agit de sa biographie, à une horloge à eau, aux chapitres désignés par le terme gouttes.

L’écrivain Alain Cadéo eut la délicatesse de lui offrir une dédicace manuscrite amicale pour inviter Evena, sculptrice-peintre-femme de lettres de « jouer sa partition », ce qu’elle fait avec authenticité et brio. Elle ne se cache pas, elle se livre toute entière en confidences. Et on avance, on plonge avec elle, on lui tient la main.

Devant nos yeux, défilent les membres de sa famille, les professeurs d’arts, les paysages lumineux du Midi de la France, les montagnes et plages de Corse, les amis assis autour d’une table bien éclairée autant par l’esprit que par les bougies, les chatons du printemps qui jouent avec les enfants, l’amour qui enflamme, consume et dont on guérit tout doucement les épaules couvertes d’un châle réconfortant un soir tranquille de septembre.

En cours de lecture, me venait à l’esprit La chanson des vieux amants de Brel interprétée par Melody Gardot.

J’invite sincèrement Evena à poursuivre sa route en écriture.


dimanche 17 août 2025

Contes des petits mondes d'à côté de Alain Cadéo

 


Il était une fois un homme aux cheveux blonds trop vite blanchis, au regard bleu comme les eaux méditerranéennes, élégant, discret, songeur qui se déplaçait avec une grâce quasi féline. Il avait un je-ne-sais-quoi à la Jean-Louis Trintignant dans les inflexions de sa voix.

Dès l’aube dans sa thébaïde, il posait ses mots sur papier ou à dans des messages destinés à un lectorat dissimulé derrière un écran et un clavier. Il brisait le silence imposé par la distance et les limites cartographiques.

À titre posthume, la maison Éditions La Trace nous offre Contes des petits mondes d’à côté d’Alain Cadéo. L’auteur oppose ici souvent des personnages menés par la raison à ceux vivant leur passion. Les contes du présent livre tiennent à la fois de la fable et de la philosophie. On dépasse de loin la banalité du premier degré, les mots s’envolent et nous dévoilent leurs mystères. Les personnages en clair-obscur mènent leur vie. Certains se plient aux conventions et d’autres créent doucement leur itinéraire sans demander de permission à qui que ce soit.

Un mot de Christian Bobin et une lettre de Tom Noti s'y trouvent pour saluer leur confrère de lettres.

À la lecture des contes, des romans et des pièces de théâtre d’Alain Cadéo, j’entends toujours sa voix libre comme le murmure du vent et je constate sa juste vision des êtres et des choses telle une percée de lumière dans la forêt.

Extrait de postface :

« Pour moi, contrairement à ce qui est dit, rien n’est meilleur que de me trouver devant une page blanche. C’est aussi dense qu’un glacier, aussi bavard qu’une rivière de montagne dont je ne me lasse pas de regarder et d’entendre l’incessant bouillonnement. »


jeudi 7 août 2025

Monologue de l'autre de Jacqueline Salvas

 

Jacqueline Salvas a toujours été fascinée par la scène et par la vie transposée en créations qu'elle aimait partager avec les autres. Le théâtre fut sa destinée à titre de directrice, d’enseignante et de metteure en scène.

Cette fois-ci, elle a cru bon mettre en scène son enfance à Sainte-Thérèse-de-Blainville dans les Basses-Laurentides via ce très beau livre intitulé Monologue de l’autre paru chez Les Éditions de la Francophonie.

Pourquoi l’autre ? Tout simplement, parce qu’il y eut sa mère Jacqueline et elle-même. Elle est l'autre du titre. Issue d’un milieu modeste, notre autrice rend hommage à sa mère et à sa grand-mère maternelle, ces femmes si dynamiques. Elle dépeint une époque nettement plus calme qu’aujourd’hui où elle apprenait les leçons de la vie au travers des jeux et de son regard de gamine.

Les récits d’antan nous en apprennent beaucoup sur le parcours de nos prédécesseurs. Je crois qu’il n’y a pas de grande ou de petite littérature. À mon humble avis, il n’existe que le désir de s’exprimer sur l’existence et Jacqueline Salvas le fait très bien. Certains passages m’ont fait sourire et d’autres m’ont ému. 

Cette autobiographie de son enfance n’est pas banale du tout. Je vous en recommande chaleureusement la lecture.