dimanche 13 juillet 2025

L'improbable conversation de Chantal Garand et Dominique Garand

 


Que dire de ce roman de L’improbable conversation publié aux Éditions Tête Première ?

On a souvent besoin de connaître d’où l’on vient pour savoir qui on est et où l’on va. C’est l’audacieux pari mené par Chantal Garand, femme de lettres, et de Dominique Garand, professeur de littérature, que de recueillir les souvenirs de la fratrie afin de reconstituer le portrait de leur mère, Marguerite Garand, née Tremblay.

Ce livre donne une émouvante courtepointe composée des faits et gestes d’une femme amoureuse de son homme, mais trop affairée avec le quotidien pour bercer longuement ses neufs enfants l’un après l’autre. 

J’y vois aussi le destin des femmes mariées au Québec d’avant la Révolution tranquille coincées par devoir et amour avec une lourde progéniture pour remplir ultérieurement à titre de dociles sujets les usines, les fermes et les églises. Je n’envie pas cette époque révolue, mais dont nous sommes tout de même le fruit.

Toutefois, je vous invite à lire la fascinante biographie polyphonique de cette femme passionnée, cultivée, intelligente que fut Marguerite Tremblay-Garand. Je demeure convaincu que sa tendresse et sa bienveillance se poursuivent au sein de sa descendance. Qu’elle continue de veiller chacun de ses enfants comme on guide les pas des petits.


dimanche 6 juillet 2025

La Chair de Julia de Julie Vincent

 


La comédienne Julie Vincent célèbre sa vie par La Chair de Julia, singulière et audacieuse publication aux Éditions de la Pleine Lune. C’est par un conte théâtral avec des croquis de l’autrice qu’elle nous tend la main et nous amène tout doucement sur ses moments qui composèrent sa vie de Montréal à l’Argentine.

Nous sommes convié.e.s au théâtre du temps, le sien. Elle enfile une veste sombre, ouvre un coffre, en sort un grand livre noir qui contient toute son existence. Une patère retient à l’occasion un chapeau ou un parapluie. Les scènes défilent devant nous en français avec des instants ponctués en espagnol sous-titrés en français.

Durant ma lecture, il me vient à l’esprit qu’elle a tracé son parcours à la manière de son arrière-grand-père Godefroi, seul au bout de son lopin de terre, à défricher en pleine forêt du côté de la Mauricie. Les mots, la poésie et le souffle l’ont poussée à partir et à revenir.

Julie Vincent lance des galets qui font des ronds dans l’eau d’un lac tout comme elle compte les anneaux concentriques du bois.

Une discrète actrice et une autrice à découvrir.

Bonne lecture et bons voyages en son inspirante compagnie.