dimanche 25 mai 2025

Petite nature de Perrine Leblanc

 

Il était une fois une autrice de talent qui connut le succès et la médisance de certains. Pour se protéger, elle quitta la grande ville et se réfugia dans une maison ancestrale construite jadis par une famille écossaise en Gaspésie où elle connut la sérénité et le goût de créer à nouveau.

Perrine Leblanc vécut cette remise en forme de son intérieur par le silence et l’écriture. Paru chez Marchand de feuilles, Petite nature tient lieu de la chronique personnelle. De l’insulte, elle renverse la vapeur et reprend le contrôle de sa destinée créatrice.

Elle décrit les saisons dans cette maison aux infiltrations d’air salin, le feu qui crépite au foyer, le chat qui se love sur un coussin, le choix de la laine et des thés dont seront faits une matinée. Les tricots et les mots sont sa cote de maille contre l’adversité et la bêtise humaine.

Les courts chapitres portent le nom d’une plante, d’une couleur, d’une émotion pour ponctuer des moments de vie. Son écriture est une eau limpide mise à bouillir. On en retire une infusion aux arômes de lavande et de rose ancienne. Bref, ce livre méditatif est un délice !

 

 

 


dimanche 18 mai 2025

Azulejo vivo de O Gringo

 

Lors de mon séjour à Lisbonne, j’ai pu visiter le Musée national de l’azulejo établi dans un ancien monastère de Clarisses.

L’azulejo est la céramique à motifs divers figuratifs ou géométriques présente au Portugal, en Espagne et au Brésil. On s’en sert pour recouvrir des murs, des sols afin de rehausser la beauté d’un bâtiment. L’effet est toujours réussi.

À la boutique-souvenir, j’ai eu un coup de cœur pour ce livre Azulejo vivo, un ouvrage trilingue portugais, français, anglais paru en 2024 chez Objecto anonimo.

Les textes de ce magnifique album sont de Bastien Tomasini alias O Gringo, nom d’artiste de ce jeune Provençal fasciné par le Portugal. Ce peintre réinvente la manière de présenter la céramique, tout en mettant en valeur la culture portugaise par le choix de thèmes : amour, visages, mains, marins, vendeuses de poisson, animaux tels que le bœuf, le cheval lusitanien, le paon.

Il imprime ses photos sur les carreaux, qu’il retouche ensuite au fusain, à la peinture vaporisée ou appliquée au pinceau.

Quant au texte, c’est un voyage dans la culture portugaise et dans l’imaginaire sensible de ce créateur.

Ce livre est une parcelle de Lisbonne dans mon salon. Je vous en recommande la découverte visuelle et littéraire.

 

 


dimanche 11 mai 2025

Je ne suis pas une nature morte de Vava Sibb

 

Je ne suis pas une nature morte est un recueil de nouvelles paru en 2025 aux Éditions La Pleine Lune. Son autrice est Vava Sibb que je découvre via ses textes où l’on se promène au MoMa, au musée d’Orsay, au Louvre, en compagnie d’êtres qui ont changé de vie en devenant gardien de musée.

Là où le public visiteur ne voit avec indifférence en eux et en elles que d’ennuyeux surveillants de salles, ce personnel d’institutions culturelles est fait de chair, d’os et de sentiments. Ils et elles observent, décodent l’admiration et la fascination des uns et des autres face à tel ou tel chef d’œuvre de l’histoire de l’art. Le vécu de ces employé.e.s trouve aussi un écho dans ces toiles, comme si ces tableaux devaient leur livrer des secrets à l’iris et leur tendre la main.

La lecture du recueil Je ne suis pas une nature morte me rappelle le magnifique roman Vers la beauté de David Foenkinos.

Mes nouvelles préférées sont Horizontalité des sentiments en lien avec Le Baiser de Klimt et Sombres illuminations d’après La Nuit étoilée de Van Gogh.

Vava Sibb maîtrise très bien la concision et l’inattendu de la chute finale, le tout étant exigé par la nouvelle. J’en aurais pris encore. À bientôt, souhaitons-le.


dimanche 4 mai 2025

Morceaux de tempête de Henri Chassé

 

En 2008, Henri Chassé récidivait en poésie avec son recueil Morceaux de tempête paru chez Écrits des Forges.

Ses poèmes sont faits de souvenirs heureux ou pas, d’attentes, de fusions et de mains qui se détachent dans le froid du matin.

La mort s’annonce déjà au programme, la sienne et la fin des étreintes. Tout s’effondre et s’effrite autour de lui. Le poète balance un mot doux rédigé sur une retaille de papier lavande dans les cendres encore chaudes du foyer.

L’ivresse de la veille tourne à l’amertume du réveil trop brutal. Le poète songe déjà à boire plus tard encore pour repousser les nuages lourds de la mélancolie. À l’instant même, le museau du chien vieillissant l’invite à la marche aux alentours. Routine rassurante oblige.

Toutefois, malgré les déconvenues, le poète se dit que l’amour et la candeur de l’enfance sont et seront les remèdes à la morosité. Après la tempête, le ciel s’éclaire et la grève du fleuve se dessine. Tout semble possible.

Henri Chassé est un poète et un romancier à découvrir.

Extrait :

Un bateau gris

ouvre son ventre

plein de récifs