dimanche 7 juillet 2024

J'ai tué le soldat Ryan de Françoise Cliche

 

De prime abord, j’ai été surpris et amusé par le titre J’ai tué le soldat Ryan, soit le contrepied à Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg. D’emblée, je me suis dit que Françoise Cliche était dotée d’humour et d’un esprit fin, ce qui est le cas. Son roman précédent s’intitulait Cimetière avec vue. Plus mordant que ça, je meurs.

L’origami de la couverture me ramenait aux pliages de papier de mon enfance dotés de chiffres que l’on actionnait pour accéder à des messages.

Ce roman paru en 2024 aux Éditions de la Pleine Lune, dans la collection Plume, met en scène une dénommée Gabrielle Morin, épouse, mère, grand-mère, menacée sur Facebook par une certaine Élodie. Voilà que les rivalités anciennes remontent en surface. L’enfance tumultueuse de 1955 à 1970 et les jeux cruels la hantent de jour comme de nuit. Qui a fait plus souffrir qui ? La gamine de milieu modeste ou sa voisine petite-bourgeoise ? Gabrielle devra se rendre dans le Maine pour dénouer le passé.

Au-delà d’une lecture où l’autrice fait preuve de maîtrise dans cette plongée dans le passé et de bienveillance envers ses personnages, ce livre m’a permis de me poser certaines questions.

Restons-nous toujours l’enfant d’hier ? Sommes-nous notre pire ennemi avec nos doutes perpétuels ? Peut-on s’accorder une rédemption pour des gestes commis autrefois ? Arrive-t-on à prendre de l’altitude par rapport au passé ? Parvient-on à une bienveillance sincère au fil des années, envers soi et les autres ?

À l’heure où le harcèlement et l’intimidation ont dépassé la cour d’école pour se transporter sur les réseaux sociaux et dans les milieux de travail toxiques, ce roman arrive à point. À lire, évidemment.

Extrait :

« Un drone inventé me survole, filme la scène et la projette quelque part dans mon imagination. Moi, debout, et mon partenaire de discussion, couché à mes pieds, enterré sous un mètre de terre. Charmant tête-à-tête ! D’autant plus qu’il y a 53 ans entre nous deux. Il faudrait que je crie pour qu’il m’entende. »


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