dimanche 14 juillet 2024

Un festin pour les chiens de François Gravel

 

À une autre époque, j’ai déjà eu 10 ans. Je lisais alors des Bob Morane du romancier belge Henri Vernes, juste avant de tomber dans les polars d’Agatha Christie.

L’autre jour, une libraire m’a dit que les enfants aiment encore le mystère. L’ancien enfant en moi voulait savoir dans quelle mesure. Elle m’a pointé la collection Noire de la courte échelle. En feuilletant Un festin pour les chiens de François Gravel, ancien professeur d’économie métamorphosé en écrivain, j’ai été séduit par les photos d’archives anciennes qui donnent des frissons d’horreur. Je suis reparti avec ce roman classé pour les 11 ans et +.

Le soir venu, j’ai lu d’une traite Un festin pour les chiens. Martin, 13 ans, orphelin, parvient à dissocier son esprit de son corps. Docteur Thomas, le médecin rattaché à l’institution, en parle à un mystérieux bourgeois qui adopte l’adolescent pour qu’il répète à nouveau cette séparation corps-esprit. Quel but est le but visé le vieil Asmodius qui tient prisonnier ce jeune pourvu de ce don ?

L’enfant en moi épris d’intrigues et d’histoires a apprécié grandement cette lecture, autant bonne pour les jeunes que pour les grandes personnes.

Extrait :

« Il m’a fixé dans les yeux en me disant des mots d’une voix sifflante, et je me suis senti hypnotisé par le regard d’un serpent. Son rire n’avait rien de rassurant et les longs silences qui suivaient l’étaient encore moins. »

 

 

 

 

 


dimanche 7 juillet 2024

J'ai tué le soldat Ryan de Françoise Cliche

 

De prime abord, j’ai été surpris et amusé par le titre J’ai tué le soldat Ryan, soit le contrepied à Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg. D’emblée, je me suis dit que Françoise Cliche était dotée d’humour et d’un esprit fin, ce qui est le cas. Son roman précédent s’intitulait Cimetière avec vue. Plus mordant que ça, je meurs.

L’origami de la couverture me ramenait aux pliages de papier de mon enfance dotés de chiffres que l’on actionnait pour accéder à des messages.

Ce roman paru en 2024 aux Éditions de la Pleine Lune, dans la collection Plume, met en scène une dénommée Gabrielle Morin, épouse, mère, grand-mère, menacée sur Facebook par une certaine Élodie. Voilà que les rivalités anciennes remontent en surface. L’enfance tumultueuse de 1955 à 1970 et les jeux cruels la hantent de jour comme de nuit. Qui a fait plus souffrir qui ? La gamine de milieu modeste ou sa voisine petite-bourgeoise ? Gabrielle devra se rendre dans le Maine pour dénouer le passé.

Au-delà d’une lecture où l’autrice fait preuve de maîtrise dans cette plongée dans le passé et de bienveillance envers ses personnages, ce livre m’a permis de me poser certaines questions.

Restons-nous toujours l’enfant d’hier ? Sommes-nous notre pire ennemi avec nos doutes perpétuels ? Peut-on s’accorder une rédemption pour des gestes commis autrefois ? Arrive-t-on à prendre de l’altitude par rapport au passé ? Parvient-on à une bienveillance sincère au fil des années, envers soi et les autres ?

À l’heure où le harcèlement et l’intimidation ont dépassé la cour d’école pour se transporter sur les réseaux sociaux et dans les milieux de travail toxiques, ce roman arrive à point. À lire, évidemment.

Extrait :

« Un drone inventé me survole, filme la scène et la projette quelque part dans mon imagination. Moi, debout, et mon partenaire de discussion, couché à mes pieds, enterré sous un mètre de terre. Charmant tête-à-tête ! D’autant plus qu’il y a 53 ans entre nous deux. Il faudrait que je crie pour qu’il m’entende. »