mercredi 14 juillet 2021

Quand le vent soulève les coiffes de Béatrix Delarue et Lorraine Lapointe

 

Un jour, la romancière Béatrix Delarue et la comédienne Lorraine Lapointe m’annoncèrent leur intention de se lancer dans une époustouflante aventure littéraire, celle d’un roman à quatre mains sur le thème des Filles du Roy. Donc, sur la Nouvelle-France. La première est Française et la deuxième est Québécoise. Toutes deux sont aussi poètes.

Au bout de réunions d’écriture sur Skype et d’échanges via courriel, elles sont parvenues à bon port en livrant Quand le vent soulève les coiffes, roman paru en deux tomes, chez Ex Aequo, dans la collection Hors Temps, au printemps 2021. On couvre l’époque 1666 à 1680. Madeleine et Marguerite par des revers de la destinée sont admises à l’Hospice de la Salpêtrière à Paris, où bon nombre d’orphelins et d’enfants de familles modestes y aboutirent. Elles y grandissent, se lient d’amitié et comprennent bien vite que leur destinée sera de traverser l’Atlantique et d’épouser un colon.

À force de résilience, de patience et d’invocations lancées vers le Ciel, elles arrivent à s’enraciner dans ce Nouveau-Monde faits de saisons, d’écarts thermiques importants, de labeur et de dangers divers.

Fait à noter que les personnages de Nicolas Audet dit Lapointe et Madeleine Despres sont les ancêtres paternels de Lorraine Lapointe.

En outre, Béatrix Delarue et Lorraine Lapointe ont réussi haut la main à écrire une histoire fascinante où on ne sent pas les coutures, les chuchotements de coulisses, le montage de textes, comme si elles chantaient sur scène à l’unisson. Elles ont eu la rigueur de se documenter sur le vécu des gens du 17e siècle en France et en Nouvelle-France. Dans cette œuvre littéraire, on y décrit surtout la condition des femmes et des enfants. Rien n’est laissé au hasard.  Ce roman ferait une télésérie ou un film magnifique.

Si j’étais prof de littérature ou d’histoire, j’inscrirais ce roman aux lectures obligatoires.

En conclusion, Quand le vent soulève les coiffes, je vous dis que c’est de la trempe de Charles Dickens.

Extraits :

« Marguerite éparpille des feuilles de sauge, thym, camomille, menthe, citronnelle et guimauve. Elle apprend à les reconnaître : la valériane, la digitale et l’hellébore. Elle ferme les yeux, inspire à pleins poumons les bonnes odeurs loin des puanteurs des chambres des malades. »

« Ici tout est gigantesque, les montagnes semblent toucher le ciel, cette plage de sable chaud est trompeuse, j’ai trempé mes pieds dans une belle eau bleue, mais si froide pour un mois d’août. J’ai ramassé des cailloux du rouge au turquoise, je les ai mis dans un petit sac de jute, les conserve précieusement pour les enfants que j’aurai. Marguerite et moi, Madeleine, ne serons probablement plus ensemble après le choix de nos maris, sauf si le sort en décide autrement. »

« Dame Gasnier, nous les aurons désirés ces vaisseaux, cette année, nos habitants ont besoin de faire des bonnes affaires et de vendre les produits de leur terre. Ils ont déjà commencé à engranger. En espérant que toutes les marchandises sur le navire ne soient point avariées vu le délai. On pourra se dire qu’à peine arrivés, il sera déjà temps pour eux de lever l’ancre avant la saison des glaces. Chère amie, vous devez avoir hâte de revoir notre demoiselle Estienne. »

 

© Photo, billet, sauf les extraits de B. Delarue et de L. Lapointe, Denis Morin, 2021.


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