Tom Noti en est à son cinquième
opus avec ce roman intitulé Nos silences ne sont pas des chansons d’amour
publié en 2020 aux Éditions La Trace. Comment vous parlez de ce roman écrit par
un homme charmant et cordial au quotidien?
L’auteur dresse la table pour un
banquet où sont conviés Aldino, un ouvrier gauche, dont le sang qui ruisselle
de son nez tache la moquette d’un ex-amoureuse et son frère Primo, joueur de foot
professionnel exilé en Angleterre. Le copain Ludo s'invite et tourne tout à la blague avec
philosophie en prétendant que la vie est une vaste comédie. D'ailleurs, ce dernier vit avec une taxidermiste. Il y a aussi une
dame mystérieuse qui envoie des messages-textes inattendus à Aldino comme si
elle cherchait désespérément son fils, alors que la mama Varese alternait entre les cris et le mutisme le plus complet. S’établit alors un dialogue entre l'inconnu et Aldino qui leur sera bénéfique, voire thérapeutique.
Dans ce livre, chaque chapitre
porte le titre d’une chanson, ce qui confère une couleur et habille sonorement
le texte. À la limite, vous pourriez vous constituer une playlist à partir des
suggestions de l’écrivain pour vous accompagner au fur et à mesure.
Posons-nous des questions sur la nature
des silences. Doit-on s’attrister du dit ou non-dit dans une même famille ou
dans un couple ? Peut-on gommer des histoires du passé appartenant à nos prédécesseurs
? Qui a réussi entre celui-ci qui subit l’admiration de tous et celui-là à
la trajectoire plus ordinaire qui déçoit vraisemblablement ? Faut-il blesser les
êtres aimés ou s’en éloigner, les confiant justement aux longues heures d’attente pour mieux être soi ? Vous aurez sans aucun doute des réponses ou des pistes de solution par la
lecture de ce très beau roman.
Extrait :
« Les paradis perdus (Christophe)
« Mais entre la vanille et le chocolat,
quelle était la couleur, quel était le goût de cette enfance envolée ?
Avait-elle été heureuse, en fin de compte ? Évidemment, il n’y avait pas eu de
gros traumas, pas les torrents de larmes qui peuvent ravager un paysage colorié
à la craie. Évidemment, en apparence, tous les éléments requis avaient été
présents pour un bonheur d’enfant. Alors pourquoi les pièces de mon puzzle ne s’imbriquaient-elles
pas ? Pourquoi ne laissaient-elles apparaître, en surface, qu’une image lisse,
une mer calme qui ne correspondait pas à mon chaos sous-marin ? Qu’est-ce qui
clochait chez moi ? Les grains de sable du spleen ont roulé sous mes pieds et
ont frotté ma peau. »
© Photo, texte du billet, sauf
l’extrait de Tom Noti, Denis Morin, 2020
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