jeudi 10 décembre 2020

Nos silences ne sont pas des chansons d'amour de Tom Noti

 

Tom Noti en est à son cinquième opus avec ce roman intitulé Nos silences ne sont pas des chansons d’amour publié en 2020 aux Éditions La Trace. Comment vous parlez de ce roman écrit par un homme charmant et cordial au quotidien?

L’auteur dresse la table pour un banquet où sont conviés Aldino, un ouvrier gauche, dont le sang qui ruisselle de son nez tache la moquette d’un ex-amoureuse et son frère Primo, joueur de foot professionnel exilé en Angleterre. Le copain Ludo s'invite et tourne tout à la blague avec philosophie en prétendant que la vie est une vaste comédie. D'ailleurs, ce dernier vit avec une taxidermiste. Il y a aussi une dame mystérieuse qui envoie des messages-textes inattendus à Aldino comme si elle cherchait désespérément son fils, alors que la mama Varese alternait entre les cris et le mutisme le plus complet. S’établit alors un dialogue entre l'inconnu et Aldino qui leur sera bénéfique, voire thérapeutique.

Dans ce livre, chaque chapitre porte le titre d’une chanson, ce qui confère une couleur et habille sonorement le texte. À la limite, vous pourriez vous constituer une playlist à partir des suggestions de l’écrivain pour vous accompagner au fur et à mesure.

Posons-nous des questions sur la nature des silences. Doit-on s’attrister du dit ou non-dit dans une même famille ou dans un couple ? Peut-on gommer des histoires du passé appartenant à nos prédécesseurs ? Qui a réussi entre celui-ci qui subit l’admiration de tous et celui-là à la trajectoire plus ordinaire qui déçoit vraisemblablement ? Faut-il blesser les êtres aimés ou s’en éloigner, les confiant justement aux longues heures d’attente pour mieux être soi ? Vous aurez sans aucun doute des réponses ou des pistes de solution par la lecture de ce très beau roman.

Extrait :

« Les paradis perdus (Christophe)

« Mais entre la vanille et le chocolat, quelle était la couleur, quel était le goût de cette enfance envolée ? Avait-elle été heureuse, en fin de compte ? Évidemment, il n’y avait pas eu de gros traumas, pas les torrents de larmes qui peuvent ravager un paysage colorié à la craie. Évidemment, en apparence, tous les éléments requis avaient été présents pour un bonheur d’enfant. Alors pourquoi les pièces de mon puzzle ne s’imbriquaient-elles pas ? Pourquoi ne laissaient-elles apparaître, en surface, qu’une image lisse, une mer calme qui ne correspondait pas à mon chaos sous-marin ? Qu’est-ce qui clochait chez moi ? Les grains de sable du spleen ont roulé sous mes pieds et ont frotté ma peau. »

 

© Photo, texte du billet, sauf l’extrait de Tom Noti, Denis Morin, 2020

 


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