France Boisvert
est une écrivaine (roman, nouvelle, poésie) qui enseigne et dessine. Elle
publiait en 2017 chez Lévesque éditeur, dans la collection Réverbération, Professeur de paragraphe.
Maurice
Lecamp enseigne la littérature, son champ de bataille, à des cégépiens armés de leur quincaillerie technologique qui n’en ont rien à cirer de Baudelaire, de
Boileau, de Félix Leclerc, de Yourcenar ou de Duras. Le monde change et lui
veut se cantonner aux plus grands écrivains. Son couple aussi bat de l’aile
avec sa conjointe lexicologue à la pige dont le contrat consiste à remanier un
dictionnaire selon la nouvelle orthograve (sic) au grand désespoir du
doctorant enseignant qui dessine parfois au tableau pour attirer l’attention
des étudiants distraits.
Ce roman
se lit le sourire aux lèvres. C’est habilement mené. Ce professeur grincheux et
érudit est attachant. Je lis surtout en fin de soirée au lit. Il m’arrive rarement
de rire aux éclats à minuit, moi qui ris si peu, mais cette écrivaine y est
parvenue. Je recommande chaleureusement la lecture de ce roman à ceux et celles
qui pensent qu’enseigner ce n’est rien. Vous changerez d’avis. Pour l’instant,
on court vite à sa librairie préférée pour se le commander. Fait à noter aussi
que le dessin en couverture émane de la main de France Boisvert. Elle fait dans
les talents multiples comme d’autres font dans le multitâches.
Extraits :
« Pour marquer la rentrée de la littérature classique,
j’annonce les grands auteurs de l’époque et, tel un majordome dans quelque bal
de débutantes, je décline toute la noblesse par le menu. J’enchaîne à propos de
Versailles, la cours hors de Paris qui ne connaît pas de salut, la cour où
piétine une noblesse reléguée en banlieue comme Rosemère pour eux. (…) Il y a
une punkette qui exige d’être baronne de Varsovie, une autre au nez parsemé d’anneaux,
l’égérie des Bourbon, je n’y vois aucun inconvénient d’autant plus qu’ils ont
une imagination folle, faut-il le reconnaître. »
« Ça y est, je m’excite, je m’exalte, je prends la
craie pour dessiner au tableau comment on est passé de l’âge de pierre, où l’on
gravait comment on est passé de l’âge de pierre, où l’on gravait des
idéogrammes aux tablettes d’argile où l’on sculptait des consommes avec un
stylet. (…) Soudain, derrière, un grand dadais lève la main pour dire que
personne ne lui a jamais raconté ça, qu’il n’était pas au courant de rien pour
les dessins de Lascaux et le cantilène de sainte Eulalie...
»
« Cette langue réformée
est de celle de ceux qui finiront par en édifier la chaire dans les
universités. Il s’agit de vendre un
nouveau produit, la lancer pour en faire le commerce, celui des références. Le
but marchant visa à renouveler le stock des bibliothèques dans les universités
françaises, les cégeps québécois, les collèges, les lycées et les athénées européens…
»
© Photo, texte du billet,
sauf les extraits de France Boisvert,
Denis Morin, 2019
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