Julia
Kerninon, fabuleuse écrivaine, a fait paraître en 2018 aux Éditions du
Rouergue, en France, et en 2019, chez Annika Parance Éditeur, au Québec, le
roman Ma dévotion.
En
voyant la couverte, j’ai songé à une geisha ou bien encore à une femme aux
prises avec un cauchemar récurrent. Le titre ne saurait être plus énigmatique,
vous en conviendrez avec moi.
D’entrée
de jeu, nous dirons qu’il s’agit d’un audacieux et superbe roman à une voix,
Helen, femme de lettres, qui tombe nez à nez à Londres sur Frank Appledore,
illustre peintre, son meilleur ami et son ancien amoureux.
Ce sera
l’occasion pour elle de se remémorer leur parcours de Rome, à titre d’enfants d’ambassadeurs,
puis la cohabitation à Amsterdam. Helen a connu le mariage avec un architecte et
l’exil à Boston, puis il y aura la Normandie, les échecs amoureux, les mensonges,
la douleur du deuil, son propre effacement pendant de longues années pour l’évolution
artistique de Frank.
Ma
dévotion est par
essence un livre féministe. Nous sommes en présence d’une femme structurée et
intellectuelle et d’un homme plus bohème qui doit sa réussite au dévouement de
celle-ci, mais elle a fini par se choisir elle-même, affranchie d’une
dépendance et de son besoin de toujours veiller sur l’autre.
L’écriture
de Julia Kerninon est limpide comme eau de source et surtout ça vous foudroie
le cœur. Du grand art !!!
Extrait :
« Tu voudrais sans doute me demander
comment je vais et me donner de tes nouvelles, mais il y a vingt-trois ans que
je pense à toi tous les jours de ton absence, alors tu ne vas pas parler, cette
fois, Frank. C’est moi qui vais parler, et moi seule. Je vous tout te raconter,
ici et maintenant, debout dans la rue, je vais te raconter toute notre histoire
depuis le début, parce qu’il faut que je l’entende, moi aussi. Je ne me lasse
pas de te regarder, Franck perdu et retrouvé. Laisse-moi commencer. »
© Photo, billet, sauf l’extrait
de l’autrice,
Denis Morin, 2019
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