lundi 20 mai 2024

Tant d'hivers de François Marcotte

 

Tant d’hivers écrit par François Marcotte vient de paraître aux Éditions Sémaphore et est le 6e de la collection Sémaphore Mobile. C’est le première œuvre littéraire québécoise qui fut élaborée grâce à un logiciel de reconnaissance vocale. Voilà une belle audace qui ouvre de nouveaux horizons aux écrivain.e.s !

Personnellement, je suis ambivalent face à cette saison faite de beauté et de misère, de froid en dehors et de chaud en dedans, de la légèreté des flocons à la lourdeur des vêtements.

L’auteur lui s’est toujours réjoui de cette saison qui l’a toujours émerveillé. Il nous livre ici ce récit biographique agrémenté de photographies aux allures de gravures anciennes. Nous sommes dans la chronique authentique de ses hivers. 

Il y a les hivers d’avant, ceux de l’enfance émerveillée et de séjours chez la grand-mère et les oncles à Kamouraska quand le poêle à bois Bélanger réchauffait peu à peu la maison alors que les vents venus du fleuve frappaient de plein fouet la toiture de la maison ancestrale. Il y a ceux des premiers émois amoureux où le corps et le cœur désirent et s’émeuvent. Il y a ces temps des rêves à Prague et des études à Montréal.

Il y a les hivers d’après, ceux « des hivers dans sa tête » selon le dire des médecins consultés, ceux de la perte progressive de sa motricité, ceux où on s’abandonne aux bons soins de sa mère et d’un aide-soignant, ceux où on se bat contre une bureaucratie dépourvue visiblement d’empathie, ceux où le père nous encourage à poursuivre l’aventure de l’écriture, ceux d’où on admire rêveur les trois épinettes effilées de sa fenêtre.

Tant d’hivers est un excellent exemple de l’écrivain résilient confiné dans son corps, mais aucunement dans sa tête. Je lui souhaite vivement de continuer d’écrire.

Extrait :

« Le bel hiver était la toile maîtresse de ma nostalgie. Un jeune homme emmitouflé, coiffé d’un casque de poils, est debout dans un désert de neige. Son regard est absent et son visage impassible est brouillé par des flocons. Il est enfermé dans sa solitude. (…) Le jeune homme, c’était moi, le fleuve, le champ de la Maison Blanche. Que Jean Paul Lemieux dans l’au-delà me pardonne le sacrilège d’usurper son œuvre. Je m’y projette, m’y peins. Je suis debout. »